La réforme de l’apprentissage éveille des craintes du côté des grandes écoles de management et d’ingénieurs qui pourraient voir 10 à 20% de leur budget disparaître.
C’est le point de vue exprimé par la Conférence des grandes écoles (CGE) qui regroupe plus de 200 établissements supérieurs (ingénieur, management et autres) et souligne que la réforme pourrait ainsi amener une augmentation des frais de scolarité.
Conséquences de la suppression de la part hors-quota de la taxe d’apprentissage
Le gouvernement pourrait en effet procéder à une suppression de la part de la taxe d’apprentissage qui sert actuellement aux grandes écoles pour assurer leur budget de fonctionnement. Il s’agit de la part hors quota qui est versée par les entreprises pour financer des formations hors apprentissage ou compléter les coûts de formation en apprentissage.
La fraction hors quota représente 23% des recettes de la taxe d’apprentissage et une partie revient aux écoles de management et d’ingénieurs, soit une somme de 130 millions d’euros en moyenne, ce qui représente de 10 à 20% de leur budget.
Néanmoins, aucune décision définitive n’a encore été prise par l’exécutif, ce qui n’empêche cependant pas les grandes écoles de se remémorer les idées que l’actuel président a avancées lors de sa campagne, notamment sur le fait de consacrer la part hors quota de la taxe d’apprentissage pour financer les seules actions d’apprentissage.
En pratique, la somme devrait servir à financer le projet de création de 100 000 places dans les formations professionnelles de niveau licence, notamment les licences professionnelles en alternance avec le concours des branches professionnelles.
Un tollé du côté des grandes écoles
La CGE regrette le fait que la concertation promise par l’exécutif ne serve pas à grand chose puisqu’il semble déjà entendu que la part hors quota de la taxe d’apprentissage sera supprimée.
Pour autant, certains directeurs d’écoles pensent par contre qu’il reste un délai de trois mois qui pourrait servir à contester cette suppression. Le directeur des programmes de Skema, grande école de management, affirme que la part hors quota leur permet d’améliorer leurs programmes et d’éviter de faire grimper les frais de scolarité. Et d’ajouter que le hors quota permet aussi aux entreprises d’investir dans les talents qu’elles prévoient de recruter, par le biais d’un versement des fonds hors quota à certaines grandes écoles.
Loïs Rocke, le vice-président de la Conférence des Grandes Écoles (CGE), va même jusqu’à qualifier la décision de supprimer la part hors quota de faute politique. Cela mènerait entre autres les grandes écoles à hausser leurs frais de scolarité, d’autant plus que la réforme de l’apprentissage datant de l’année 2014 a déjà menée à une réduction des recettes des écoles au titre de la taxe d’apprentissage et entraîné une hausse significative des frais de scolarité des écoles de management de 17%.
Certains responsables d’école sont même plus vindicatifs et menacent de quitter l’Hexagone, notamment la Directrice générale de Skema qui déplore le fait que l’on mette des bâtons dans les roues des grandes écoles.
La CGE tient également à ajouter qu’en supprimant la part hors quota, le gouvernement met en jeu une somme équivalente au montant des bourses des écoles, ce qui mettrait un frein à leur couverture sociale.
D’autres ne manquent pas de pointer du doigt le fait que la réforme pourrait mener à freiner l’évolution de l’apprentissage des écoles. A l’heure actuelle, ces dernières accueillent 70 000 apprentis, ce qui équivaut à 11% de leurs étudiants et l’objectif à atteindre pour 2025 est d’augmenter ce pourcentage à 25%.