Depuis près de 20 ans, les pouvoirs publics affichent leur intérêt pour l’apprentissage, à travers diverses actions visant à augmenter le nombre de recrutement en contrats d’apprentissage, notamment dans le secteur public.
Cependant, les résultats ne correspondent pas encore forcément aux objectifs affichés. En effet, des idées reçues négatives sont encore répandues à propos de l’apprentissage malgré des résultats positifs en matière d’insertion professionnelle et l’ouverture aux diplômes de l’enseignement supérieur.
La formation en apprentissage: comment ça marche?
L’apprentissage fait partie de la formation professionnelle initiale. Son objectif est l’acquisition d’un diplôme de l’enseignement professionnel ou technologique du secondaire ou du supérieur. Il s’agit également d’une voie pour la préparation d’un titre professionnel inscrit au répertoire national des certifications professionnelles. L’apprentissage est en général effectué dans la continuité d’une scolarité ou d’un premier apprentissage et s’ouvre aux jeunes de 16 à 25 ans révolus, à part quelques exceptions.
En pratique, l’apprenti alterne les cours théoriques au sein des CFA, en lycée pro, à l’université ou en école et les enseignements pratiques chez un employeur. Il est sous contrat de travail spécifique et perçoit une rémunération, y compris pendant les séances de cours théoriques. L’apprenti passe donc 60 à 75% de son temps de formation au sein d’une entreprise où il est placé sous tutelle d’un maître d’apprentissage.
L’entreprise d’accueil reçoit des aides financières de la part de l’Etat et de la région. Effectivement, les régions disposent d’une compétence sur la formation professionnelle et l’apprentissage depuis les lois de la décentralisation.
L’apprentissage: enjeux et caractéristiques
L’apprentissage a pour principal avantage la facilitation des processus d’acquisition des compétences professionnelles ainsi que l’amélioration des choix d’orientation. Ce dispositif permet aussi de procurer des parcours de réussite, en particulier pour les élèves qui ont eu des difficultés d’insertion dans l’enseignement général traditionnel. Les pouvoirs publics veulent donc le développer au maximum, en accroissant le nombre d’apprentis.
L’apprentissage contribue d’ailleurs à faire baisser le nombre de jeunes sortant du système scolaire sans aucune qualification et qui se retrouvent sans travail. En effet, bien que le diplôme soit toujours une condition très favorable à l’obtention d’un emploi, l’apprentissage en est aussi un facteur positif.
Une étude du ministère de l’Education nationale datant du mois de février 2016 montre que 65% des jeunes apprentis de niveau CAP et BTS ont trouvé un travail 7 mois après la fin de leur formation, dont plus de la moitié en CDI.
Stagnation du nombre d’apprentis depuis une décennie
Malgré les résultats encourageants de l’apprentissage en matière d’insertion professionnelle, le nombre des nouveaux apprentis a quasiment stagné depuis une décennie. En effet, les statistiques du ministère du Travail font état de 288 700 nouveaux apprentis en France en 2016, 283 713 en 2007 et 315 911 nouveaux apprentis en 2012, ce qui est le nombre le plus élevé jamais atteint. Les chiffres de 2016 sont légèrement supérieurs à ceux des deux années précédentes grâce à la hausse des apprentis dans le supérieur. Cependant, les entrées en CAP, Bac ou brevet professionnel sont en baisse même si elles restent majoritaires. La diminution de ces entrées est une tendance qui a déjà été constante depuis 2008 où elle était de 24%.
Les entrées en apprentissage dans le secteur privé
Dans le secteur privé, le nombre de jeunes ayant signé un contrat d’apprentissage est de 275 300 en 2016, répartis comme suit: 161 000 au sein du secteur tertiaire, 62 000 dans l’industrie, 43 000 dans la construction et 9 000 apprentis pour le secteur de l’agriculture.
Les entreprises qui ont moins de 10 employés sont celles qui accueillent le plus d’apprentis malgré leur nombre qui a tendance à diminuer. 1/3 des nouveaux apprentis sont de sexe féminin et leur part est en augmentation constante depuis deux décennies. Leurs qualifications sont le plus souvent supérieures à celles des garçons et elles se préparent le plus souvent pour un métier dans le domaine du service.
L’apprentissage dans la fonction publique
Dans le secteur public, 13 400 nouveaux apprentis ont été embauchés au cours de l’année 2016. On y observe d’ailleurs une très forte hausse des recrutements (+19,4% en 2016), notamment grâce au plan de recrutement d’apprentis dans la fonction publique de l’Etat. Selon ce dernier, 10 000 apprentis devaient être recrutés au sein des services étatiques pour la rentrée 2016.
Bien que cet objectif n’ait pas été atteint, les embauches en apprentissage ont connu un bond remarquable. En effet, les services publics, qui comptaient 700 apprentis en 2012, ont atteint le nombre de 8 300 en février 2017.
Ils y sont répartis comme suit: la majorité dans les collectivités locales, 39% au sein des communes, des départements et des régions, ainsi que 4% au sein de la fonction publique hospitalière. Par rapport au secteur privé, le secteur public recrute des jeunes plus âgés et avec plus de qualifications ainsi que plus de filles.
En 2015, 2/3 des contrats en apprentissage concernent les métiers de services tandis que le reste concerne les métiers de la production. Le président de la République François Hollande avait posé l’objectif de 500 000 apprentis en 2017, lors de la grande conférence sociale en juillet 2014. Actuellement, la France comptabilise 400 000 apprentis en formation.