Dans un publication récente, le Centre d’études et de recherches sur les qualifications fait le point sur l’accès à l’emploi cadre des jeunes femmes et hommes et met en exergue une égalité trompeuse entre ces salariés.
L’organisme relève ainsi qu’en 2013, pour la première fois, la part des femmes ayant accédé à un emploi cadre trois ans après leur entrée dans le monde du travail est similaire à celle des hommes. Néanmoins, l’accès des femmes au poste de cadre en début de vie professionnelle est encore faible comparé à leur investissement éducatif.
femmes et hommes se rapprochent dans l’accès à l’emploi cadre
La période 2001-2013 est marquée par plusieurs évolutions, notamment la progression de l’emploi cadre dans l’économie qui concerne désormais 20% des hommes et 15% des femmes. Ces dernières ont pu profiter de cet essor grâce aux avancées législatives en faveur de l’égalité entre les deux sexes au sein de la vie professionnelle, sans oublier l’évolution de la structure de l’offre de formation dans le supérieur.
En 2013, la part des femmes occupant un emploi cadre 3 ans après leur entrée sur le marché du travail est similaire à celle des hommes: 20%. C’est-à-dire que sur cent jeunes cadres quarante-neuf sont des femmes et c’est une première en matière d’insertion professionnelle des jeunes.
Les évolutions diffèrent en fonction des sphères professionnelles
Les femmes ont particulièrement renforcé leur présence dans l’emploi cadre au sein des professions libérales, grâce à la féminisation croissante des métiers de la justice et de la santé.
Dans la catégorie « Cadres administratifs et commerciaux », la part des femmes est de six points et 7 points dans celle des « Ingénieurs et cadres techniques ». En outre 1/4 des femmes occupent un poste de « Professeur(es) et professions scientifiques ».
Enfin, les femmes sont encore très majoritaires au sein de la fonction publique, comme fonctionnaires ou contractuelles.
La formation, facteur clé de l’accès à l’emploi cadre pour les femmes
Le niveau d’étude élevé des jeunes femmes et le fait qu’elles progressent dans l’enseignement supérieur depuis quelques générations sont les principaux éléments ayant permis de réduire les écarts d’accès à la catégorie cadre.
La part des femmes dans les sortants aux niveaux LMD est de 27% en 2010 contre 23% en 1998. Leur part a aussi connue une très forte augmentation dans les niveaux plus élevés. Ainsi, en 2010 18% des femmes sont titulaires d’un master et d’un doctorat contre 15% des hommes.
Diminution des différences d’accès à l’emploi cadre à même niveau de diplôme
Grâce à leur niveau de diplôme qui s’est élevé, les femmes accèdent plus facilement à l’emploi cadre, notamment avec une hausse de +6 points des jeunes de sexe féminin diplômés du supérieur en 2013. Cela permet aussi de réduire les différences d’accès à la catégorie cadre entre les femmes et les hommes ayant un diplôme équivalent. Et même si ces écarts existent encore à niveau de formation donné, ils se sont atténués en 2013 par rapport à 2001.
Néanmoins, les femmes ont toujours plus de difficultés que les hommes à devenir cadre dès les trois premières années de vie professionnelle, même si leurs diplômes sont équivalents. Par ailleurs, les jeunes femmes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur devraient proportionnellement être d’avantage cadres qu’elles ne le sont, si l’on considère leur poids majoritaire.
Une rémunération plus égalitaire mais des contrats de travail désavantageux
En 2013, le salaire médian des jeunes femmes équivalait à 93% de celui de leurs homologues masculins, soit une nette amélioration par rapport aux années précédentes.
C’est la très forte progression de rémunération des femmes dans les catégories professionnelles « Professeurs et professions scientifiques » et « Cadres administratifs et commerciaux d’entreprises » qui causé ce mouvement de convergence des rémunérations. Les salaires des hommes et des femmes restent assez proches dans les autres catégories d’emploi.
Pour ce qui est des contrats de travail, il y a moins de précarité chez les cadres que parmi l’ensemble des diplômé(es) du supérieur. Néanmoins, les femmes restent relativement désavantagées: en 2013, elles étaient 32% à être en CDD contre 20% des hommes. Il en est de même pour le temps partiel qui concerne 9% de femmes cadres contre seulement 1% des hommes en 2013.
L’étude du Céreq tient cependant à clarifier les choses, arguant que rapprochement n’équivaut pas à égalité, l’accès à l’emploi cadre pour les femmes restant en deçà de leurs possibilités compte tenu de leurs niveaux de diplômes en 2013. Cette égalité est donc jugée assez trompeuse dans le sens où elle masque une inégalité des chances d’accéder à un emploi cadre selon des critères de sexe.
Consulter le rapport complet du Céreq « Accès des jeunes femmes et des jeunes hommes aux emplois cadres, une égalité trompeuse » ici.