Le dernier numéro de la revue Bref se penche sur les normes de qualification et s’interroge sur leur actualité. En effet, l’évolution de la relation formation-emploi au cours des dernières années confirme une tendance de plus en plus forte depuis les années 2000 : le niveau de diplôme des actifs augmente plus rapidement que le niveau de qualification des emplois.
Cette évolution provoque une déformation des qualifications de l’économie française vers le haut, les mêmes emplois étant pourvus à des niveaux de diplôme toujours plus élevés. Ce constat remet en question la validité même des normes de qualification, fondées sur le principe d’une mise en relation des formations et des emplois.
Les normes de qualification, des constructions sociales toujours actuelles
Les normes de qualification, héritées de la période des Trente Glorieuses, sont des constructions sociales qui postulent une relation d’équivalence entre les formations et les emplois . Cette logique « adéquationniste » est toujours appliquée aujourd’hui dans les professions réglementées telles les professions de santé, dont l’accès est conditionné à la détention de certains diplômes, ou encore dans l’organisation des concours de la fonction publique, dont les niveaux A, B ou C sont calés sur des niveaux de diplôme.
Par ailleurs, les normes de qualification restent une référence commune en matière d’orientation scolaire et professionnelle. Les élèves et les familles considèrent par exemple que le CAP et le Bac Pro préparent aux emplois d’ouvriers et d’employés, les BTS et DUT aux emplois de techniciens ou d’agents de maitrise et les masters ou les grandes écoles à des emplois d’ingénieurs ou de cadres.
Des normes de qualification dépassées ?
Parallèlement, certains résultats des enquêtes « Génération » réalisées par le Céreq sont interprétés comme une « surqualification » ou un « déclassement » à l’embauche : de jeunes diplômés ont un niveau de formation initiale supérieur au niveau « normalement » requis pour occuper un poste.
Ce déclassement vient du décalage entre la hiérarchie de qualification des emplois et la structure de formation de la population active. Ce décalage, déjà observé dans les années 2000, est de plus en plus important. Les emplois sont ainsi pourvus à des niveaux de diplôme toujours plus élevés.
Pour les auteurs de la revue Bref, cette situation, dont les causes sont multiples, interroge la validité des normes de qualification conçues comme le cadre institutionnel de mise en relation entre les formations et les emplois.
Consultez le n°409 de la revue Bref « Les normes de qualification sont-elles obsolètes ? » ici.