La Dares avait ouvert un appel à projets de recherche en juillet 2020 sur « les effets de la crise sanitaire liée à la Covid-19 sur le marché du travail« . Le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) vient ainsi d’être retenu pour étudier l’impact de la crise sanitaire sur les débuts de parcours professionnels, en particulier son impact sur les situations d’activité, les perspectives de changement professionnel et les valeurs au travail.
Comprendre les répercussions de la crise sanitaire sur les parcours professionnels
La problématique générale du projet porté par le Céreq est d’appréhender, aussi bien sur le plan objectif que sur le plan subjectif, les conséquences de la crise sanitaire sur les parcours professionnels de la crise sanitaire. Celle-ci, en raison de son caractère inédit, de son ampleur et de sa durée, fait peser des incertitudes sur les situations d’emploi et fait craindre des effets à retardement lorsque les dispositifs de soutien aux entreprises et d’aide aux salariés prendront fin.
Les trois grandes interrogations qui guident ce projet sont les suivantes : cette crise a-t-elle changé la manière dont les individus se projettent et envisagent leur avenir professionnel ? Suscite-t-elle des « souhaits » de réorientation professionnelle (plus ou moins contraints) et des décisions et actions pour les mettre en œuvre ? Enfin, la crise sanitaire modifie-t-elle la manière dont les individus perçoivent et conçoivent leur travail, c’est-à-dire ce qui fait valeur dans leur travail ?
Évaluer l’ampleur des évolutions professionnelles et des changements dans le rapport au travail
Cette enquête cherchera d’une part à évaluer l’ampleur des évolutions professionnelles et des changements liés aux conditions d’exercice des activités et suscités par les périodes de confinement, et à identifier des projets de réorientation professionnelle ou de reconversion qu’ils soient en cours, aboutis ou interrompus, en précisant leurs composantes : motivations, ressources mobilisées, éventuelles rencontrées… D’autre part, l’objectif sera d’examiner en quoi les rapports au travail ont été marqués par la pandémie de Covid 19, en conduisant à des réorientations des dimensions jugées comme les plus importantes dans le travail exercé et en particulier pour les personnes qui envisagent des changements plus radicaux associant changements de métier, de localisation, de mode de vie.
Parmi les hypothèses générales sur lesquelles s’oriente cette recherche, les équipes du Céreq étudieront si de nouvelles lignes de fracture dans les trajectoires professionnelles affectent certaines franges du salariat protégé de secteurs d’activité fragilisés par la crise, mais aussi selon le genre et le caractère plus ou moins « télétravaillable » des métiers exercés.
Elles tenteront également de rendre compte de la diversité des configurations d’évolution professionnelle, des plus défensives face à des changements contraints aux plus construites et préparées, de faire le lien entre ces figures de réorientation et les caractéristiques socio-démographiques des individus, sachant que les schémas les plus radicaux d’évolution sont supposées plus présentes parmi les catégories aisées possédant capital économique et culturel.
Enfin, la crise, en augmentant le sentiment d’insécurité de l’emploi, questionne les valeurs associées au travail et pourrait accroître l’importance accordée aux dimensions symboliques et relationnelles du travail au détriment de ses composantes instrumentales dans les projets de réorientation professionnelle.
Les premiers résultats sont attendus à l’automne 2021.