Le Rumef a organisé un colloque les 18 et 19 mars dernier, intitulé « La réforme permanente de la formation continue : Quels enjeux pour l’éducation des adultes et les métiers de la formation ? » Cet évènement a été l’occasion de découvrir les travaux de plusieurs universitaires spécialistes de la formation continue pour adultes.
Quelle dynamique de professionnalisation pour les conseillers en formation continue ?
L’évolution des CFC (Conseillers en formation continue) est étudiée par Françoise Dablin depuis leur création. Elle-même conseillère au Gréta des Hauts-de-Seine, cette doctorante à l’université Paris-Est Créteil a évoqué lors de sa présentation une dynamique de professionnalisation/déprofessionnalisation parmi de ces acteurs. D’un côté, contraints de faire évoluer leurs pratiques avec l’apparition d’un marché concurrentiel de la formation, et devant notamment répondre aux appels d’offres pour obtenir les financements publics, les CFC ont dû acquérir de nouvelles compétences et se professionnaliser. D’un autre côté, ils se sont « déprofessionnalisés » car la partie « animation » de leur métier a disparu depuis 1975 avec l’abandon du face-à-face personnel, ce que les plus expérimentés d’entre eux vivent comme une perte de compétences, ce d’autant plus que les temps de formation ont été réduits et qu’ils délivrent moins de conseils aux entreprises qui ont intégré des services de ressources humaines. Pris entre ces tensions internes et externes, les conseillers en formation continue poursuivent tant bien que mal leur mission.
La professionnalisation des conseils en évolution professionnelle
Marie-Hélène Doublet, elle aussi professionnelle et universitaire, de l’université de Tours et du CIBC Sud-Aquitaine, a quant à elle présenté sa recherche-action en cours sur la professionnalisation des conseils en évolution professionnelle (CEP). L’accompagnement des actifs en situation de travail a en effet été confié à des opérateurs privés régionaux depuis la réforme de la formation professionnelle de 2018. Mme Doublet a souligné l’enjeu de créer une coopération entre les acteurs issus d’équipes diverses, alors que le caractère institutionnel de cette fonction reste fort avec le cadrage de France compétences.
Alors que ces CEP, créés en 2014, doivent avoir une posture de « facilitateurs » en lien avec la notion d’autonomisation des personnes, la professionnalisation de leurs pratiques et de leurs postures professionnelles est très complexe. Ainsi, selon plusieurs rapports successifs de la Cnefop, leur « posture n’est toujours pas installée ». France compétences a quant à elle relevé que 25 des personnes poursuivent l’accompagnement après un premier niveau de CEP, et qu’il est nécessaire de « travailler les postures professionnelles de l’ensemble de l’équipe notamment sur l’activité d’analyse partagée de situation ».
D’autres communications ont été présentées lors de ce colloque, dont le résumé peut être consulté ici.