La mise en œuvre du CEP (Conseil en évolution professionnelle) a été confiée à cinq opérateurs assurant une mission de service public : Pôle emploi, les Cap emploi, l’Apec, les Missions locales et les Opacif. Pour remplir les objectifs de ce nouveau dispositif, ces structures ont réorienter leur offre de services.
Dans ce cadre, ils ont fait évoluer les missions et les pratiques de leurs conseillers. La dernière parution du Céreq s’est penchée l’impact du CEP sur ces conseillers, et sur les modalités de sa mise en œuvre par les différents opérateurs.
Deux conceptions du CEP
Si un cadre de déploiement commun a été défini de manière concertée au niveau national et transmis à tous les opérateurs, les différences entre ceux-ci en termes de moyens et de publics visés ont induit une évolution distincte des services pour chacun d’entre eux. L’étude du Céreq a constaté deux grandes conceptions du CEP mises en application par ces opérateurs.
La première est celle des Fongecif/Opacif, de l’Apec et de Pôle emploi. Elle voit le dispositif comme une démarche formant l’un des maillons d’un changement plus global des logiques de l’action publique qui sous-tendent leur fonctionnement. Le CEP est ici perçu comme un accélérateur de cette évolution, un vecteur d’enrichissement professionnel ou de montée en compétences.
La seconde conception est celle des Cap emploi et des Missions locales. Elle considère le CEP plutôt comme une injonction supplémentaire qui ne modifie pas significativement la philosophie d’action ni la posture mais impose de nouvelles règles contraignantes. Les conseillers y voit donc surtout une lourdeur dans l’exécution des tâches et une complexité accrue, liée à la gestion concomitante d’autres dispositifs.
Une logique de co-construction partagée mais différemment appliquée
L’étude du Céreq s’est également penchée sur les modalités concrètes de délivrance du service de CEP et sur les modes d’organisation de ses trois niveaux. Ceux-ci se révèlent fort divers.
Le niveau 1, celui de l’accueil personnalisé, n’est nulle part à la hauteur des objectifs fixés par le cahier des charges, souvent en raison d’un manque de moyens et de soutien régional.
Le niveau 2 est celui du conseil personnalisé lors de la définition du projet professionnel. L’enquête montre que l’intermédiation humaine reste incontournable. Si chaque opérateur délivre ce conseil selon sa propre culture et les spécificités de son public, tous les conseillers jugent pertinente la posture de co-construction instaurée par le CEP. En revanche, dans la durée, elle génère des injonctions paradoxales pour ceux-ci.
Le niveau 3 est celui de l’accompagnement personnalisé à la mise en œuvre du projet professionnel. Une majorité de conseillers voit dans le rôle d’intermédiation qu’il implique pour eux l’étape la plus délicate du processus. D’une part, elle peut amener à interroger le « réalisme » ou la faisabilité du projet. D’autre part, celui-ci implique souvent une formation, dont seuls Pôle emploi et les Opacif ont le pouvoir de déclencher le financement. Pour les autres, seule la coordination, voire la coopération avec les financeurs, qui font souvent défaut sur le terrain, peuvent permettre de dépasser les blocages induits.
Consultez la publication du Céreq « Le conseil en évolution professionnel, un nouveau métier » ici.