La Dares vient de publier une étude sur les conséquences de la crise sanitaire et du confinement sur les formations des chômeurs. Cette enquête portant sur environ 5.600 stagiaires en cours de formation montre notamment que les 2/3 des formations ont été maintenues partiellement ou complètement. Elle a été réalisée entre le 8 et le 25 avril.
Des formations à distance souvent réalisées par vidéo
Toutes les séances des formations des demandeurs d’emploi en présentiel qui étaient en cours au début du confinement ont été suspendues. Environ 7 % de ces formations étaient purement à distance et n’ont donc pas été affectées. Parmi les formations qui comportaient tout ou partie de présentiel, deux tiers ont été partiellement ou totalement maintenues et un tiers ont été totalement suspendues.
Les 2/3 des stagiaires ont donc pu continuer à suivre leur formation, la plupart du temps (77 %, soit 48 % des formations maintenues) grâce à des enseignements à distance. Différents types d’outils ont été utilisés : vidéo (plus de la moitié des cas) et téléphone (un quart des cas) notamment. Des formations en ligne ou l’envoi de documents et exercices par mail ont également été réalisés. Parfois, le maintien de la formation s’est effectué via des outils plus sommaires (envoi de documents par courrier ou par messagerie)
Presque tous les stagiaires (95 %) dont les formations ont été maintenues ont pu assister au moins partiellement à ces sessions à distance, même si les moins diplômés déclarent légèrement plus souvent que leur assiduité n’a pu être que partielle. Les raisons les plus fréquemment invoquées pour expliquer les empêchements sont les obligations familiales (enfants) et le manque d’équipements informatiques ou d’accès Internet suffisamment performants.
Les formations les plus courtes et les moins qualifiantes ont été plus souvent suspendues
Si les 2/3 des formations ont été totalement ou en partie maintenues, le taux de maintien varie sensiblement selon le type de formations. Il a ainsi été de 67% pour les formations certifiantes et professionnalisantes, mais de seulement 54% pour les formations préparatoires à une formation de plus haut niveau (découverte d’un métier, remise à niveau, élaboration de projet).
Les formations préalables à l’embauche (AFPR-POEI) ont été massivement suspendues (dans plus de 60 % des cas), probablement parce que la période de confinement a perturbé le fonctionnement des entreprises. En effet, elles y jouent souvent un rôle crucial soit parce qu’elles abritent les séances de formation soit parce que les stagiaires y effectuent une grande partie de leur formation sous forme de stages pratiques. Les formations incluant beaucoup de travaux pratiques, de stages en entreprise ont davantage dû être suspendues en raison de la difficulté de transposer ces enseignements dans une relation à distance.
En partie pour ces raisons, ce sont les formations les plus courtes qui ont été plus souvent suspendues. Ainsi, les formations longues de 2 mois et moins ont été suspendues dans 44 % des cas, contre 39 % des formations de 3 à 5 mois et 30 % des formations de 6 mois et plus. Par ailleurs, les stagiaires les moins diplômés ont connu davantage de suspensions (39 % de ces derniers contre 40 % des bacheliers ou diplômés de l’enseignement supérieur).
La suspension d’une formation n’implique pas forcément l’arrêt des apprentissages
Lorsque les formations ont été suspendues, 70 % des stagiaires déclarent avoir continué à travailler sur leurs sujets. Des liens avec l’organisme de formation ont été le plus souvent maintenus : dans plus de 60 % des cas, les stagiaires pouvaient contacter leur formateur et dans 30 % des cas, l’organisme a pu envoyer des documents. Dans ces moments d’incertitude, il n’est pas surprenant qu’entre 40 et 50 % des stagiaires fassent état de manque d’informations sur la suite de leur formation. Les sondés ont ainsi mentionné, par exemple, des incertitudes sur le maintien des stages pratiques ou sur le maintien des épreuves finales d’évaluation. Lorsqu’une embauche est programmée à la fin de la formation, certains stagiaires s’inquiètent de son maintien.
Toutes ces questions peuvent être assez anxiogènes pour des publics qui sont en situation de précarité et qui voient dans leur formation une condition nécessaire pour accéder à un emploi. Par ailleurs, nombre d’entre eux (environ 40 %) ne se sentent pas du tout ou mal informés du maintien de leur rémunération pendant la période de suspension de leur formation.
Consultez l’intégralité de l’étude de la Dares sur les Conséquences de la crise sur le déroulement des formations des chômeurs ici.