Dans le dernier numéro de sa revue Bref, le Céreq publie les premiers résultats de l’enquête « Impact » qui porte sur les effets de la crise sanitaire sur la formation professionnelle. Ces résultats identifient les principaux leviers et obstacles de l’accès à la formation durant cette période.
La formation professionnelle mise en avant par le gouvernement
Dès le début de la crise sanitaire, la formation professionnelle continue a été mise en avant par les pouvoirs publics comme un moyen de maintenir et développer les compétences « qui seront au cœur de la relance dans l’après-crise » (circulaire du 9 avril 2020). Dans un contexte marqué par un recours sans précèdent au chômage partiel et au télétravail massif, l’objectif était de préserver l’emploi tout en incitant les entreprises et les salariés à mettre le temps libéré au service de la formation. Dans ce but, le dispositif FNE-Formation, initialement conçu comme une mesure d’appui aux mutations économiques pour les entreprises de moins de 250 salariés, a été élargi et repensé comme incitation à la formation. La prise en charge de coûts pédagogiques pour toutes les entreprises en activité partielle et, depuis 2021, pour celles en difficulté, leur permet, indépendamment de leur taille, de former leurs salariés quel que soit leur niveau de qualification.
Dans ce nouveau contexte, comment les salariés ont-ils perçu les opportunités de formation ? Lesquels d’entre eux ont pu les saisir et grâce à quels leviers ? La possibilité offerte aux entreprises bénéficiant des mesures du chômage partiel, de financer intégralement certaines formations a-t-elle permis aux salariés habituellement éloignés de la formation d’y accéder ?
Accès à la formation : maintien des inégalités et manque de temps
L’enquête du Céreq montre que le taux d’accès à la formation est resté relativement stable et est resté marqué par d’importantes inégalités, tant en termes de genre que de classes sociales. Les formations à distance, par exemple, ont surtout bénéficié aux plus qualifiés et aux télétravailleurs.
L’une des explications à ce constat est le fait que l’employeur conserve un rôle prépondérant dans l’accès à la formation des salariés. Au-delà de l’intention de se former, l’accès effectif à la formation est ainsi fortement lié au fait d’avoir reçu une proposition de formation de la part de l’employeur.
Enfin, l’étude explique que le temps dégagé par le chômage partiel n’a pas suffi pour que les salariés puissent réellement se former : c’est bien le contexte productif de l’entreprise qui explique le recours à la formation, y compris en temps de crise, par exemple lorsqu’un nouveau produit ou un nouvel outil numérique est introduit. Le recours sans précédent au chômage partiel ne semble donc pas avoir transformé substantiellement les pratiques des entreprises en matière de formation.
Consultez le numéro 420 de la revue Bref « Crise sanitaire et formation professionnelle : le temps libéré ne suffit pas pour se former » ici.