Une mission a été lancée par le Ministère de l’Éducation nationale pour la modernisation de l’examen du baccalauréat et la réforme du lycée.
L’ancien Directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, s’est vu confier ce dossier délicat de piloter cette mission qui va devoir être traitée en respectant un calendrier fixé par le Premier Ministre Edouard Philippe.
Selon ce dernier, sa mission n’est pas seulement technique puisqu’il s’agit d’opérer une refonte progressive du lycée par étapes au cours des 3 prochaines années afin de mettre en œuvre une nouvelle formule du baccalauréat en 2021.
Les objectifs de la réforme
Officiellement, l’objectif de la réforme est la création d’un Bac « moins épais, plus concentré » selon le Ministre de l’Éducation nationale. Il pourrait s’appuyer sur une réduction des matières obligatoires à quatre et une part plus importante devrait être accordée au contrôle continu dans le diplôme.
Pierre Mathiot devrait avoir une grande marge de manœuvre pour donner plus de profondeur à la réforme. Une équipe de spécialistes l’accompagne d’ailleurs dans son travail qui a débuté le 13 novembre prochain par une longue série d’auditions. Toutes les parties prenantes devraient être auditionnées et près de 70 entretiens sont ainsi déjà prévus au programme.
Pierre Mathiot a aussi précisé qu’il désirait effectuer un travail de terrain par le biais de la visite de plusieurs académies ainsi qu’un déplacement à l’étranger. Un rapport au sujet de tous ces travaux sera rendu au cours du mois de janvier 2018.
Simplifier et individualiser les parcours
Une des grandes nouveautés apportées par la réforme pourrait être la suppression des différentes séries économique et sociale, littéraire et scientifique au lycée. Pierre Mathiot souhaite plus de précision dans les intitulés du baccalauréat et envisage « une autre manière de délivrer le bac ».
Il propose ainsi d’assouplir les 3 années précédant l’examen, allant même jusqu’à proposer leur personnalisation afin de permettre d’individualiser les parcours. Le Syndicat national des lycées et collèges s’est, en tout cas, déclaré favorable à cette mesure.
Auteur de « Une vraie réforme du lycée », le vice-président de ce syndicat, Jean-Rémi Girard appelle quant à lui à spécialiser les lycées à part de la classe de Seconde. Le responsable des questions lycée au Syndicat national des enseignements de second degré (Snes) considère quant à lui que l’ambition du gouvernement pour le remodelage du lycée ressemble à une marche forcée. Selon lui, la suppression du système de séries s’apparente à une volonté d’arrimage du lycée au supérieur, avec son organisation sous forme de modules. Il ajoute d’ailleurs que toutes ces propositions ont un air de déjà vu.
Le président du syndicat étudiant La Fage s’est aussi exprimé à ce sujet, en affirmant que la la suppression séries était judicieuse afin que tous les Bacs soient égaux. Il va même plus loin, en souhaitant qu’un système en majeure-mineure soit mis en place, en plus d’un lycée à la carte.
En ce qui concerne l’examen en lui-même, le chef de la mission de réforme souhaite que les notes obtenues au baccalauréat retrouvent un sens, notamment en s’interrogeant sur la pertinence de ce diplôme qui est parfois délivré avec une moyenne qui dépasse les 20/20. Jean-Rémi Girard partage ce constat et souhaite que l’examen offre à nouveau une garantie sur le niveau attendu du côté de l’élève. Pour ce faire, il faudrait réduire le nombre d’épreuves, le réduisant par exemple à quatre, à condition que ces dernières sanctionnent réellement le niveau attendu à l’entrée de l’enseignement supérieur.
Le Syndicat Snes constate quant à lui que les toutes les propositions émises veulent simplifier un Bac qui serait trop lourd et d’un prix trop élevé. Il craint ainsi le développement d’une « tendance », consistant à ce qu’il y ait autant de Bacs que de Lycées, accentuant dans la foulée les inégalités qui existent entre les établissements.
Des questions se posent aussi sur le fait que les lycéens s’intéressent plus à la réussite de l’examen qu’à leur orientation professionnelle, qui passe au second plan. Le président de la Fage réclame quant à lui une réforme sans précédent, en supprimant complétement l’examen.
La refonte du bac pourrait avoir des répercussions sur la classe de seconde dès la rentrée 2018, sur la première et la terminale en 2019 et en 2020.