Dans l’attente des propositions du gouvernement prévues pour le mois prochain, les établissements d’enseignement supérieur s’inquiètent des orientations que semble prendre la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage. Leur principale crainte est d’essuyer une nouvelle perte de leurs ressources suite à la refonte envisagée du financement de l’apprentissage et ces derniers demandent à jouer un plus grand rôle dans la gouvernance de la formation en apprentissage.
La part hors quota de la taxe d’apprentissage, source d’inquiétude
Les établissements d’enseignement supérieur s’inquiètent particulièrement des sources de financement issues de la part hors quota de la taxe d’apprentissage. En effet, le gouvernement ne cache pas son désir de réviser entièrement le système en réduisant les intermédiaires et en unifiant le prélèvement. Les sommes collectées devraient servir prioritairement au financement des formations en alternance.
Ainsi, la question se pose sur l’avenir du barème (ou la partie hors quota) qui servait jusqu’ici à financer les formations professionnelles ou technologiques initiales à temps plein. Au cas où les financements seraient stoppés, cela signifierait la disparition de près de 20 000 places.
Les grandes écoles émettent des inquiétudes similaires, d’autant plus que la part barème (hors quota) a déjà subi une diminution de 30% suite à la réforme de 2014. La conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi) a également pointé du doigt l’importante perte de barème pour leurs écoles ( -33% entre 2014 et 2015, soit une perte de 193 euros et une perte globale de 25 millions d’euros).
Le président de la Cdefi, Marc Renner, a fait valoir qu’à l’heure actuelle, 45% des 115 écoles d’ingénieurs qui proposent un parcours en apprentissage reçoivent un financement à moins de 80% de leur coût de revient pour leurs formation en apprentissage. Ainsi, il espère de la réforme en cours qu’elle ne fragilise pas l’apprentissage en école d’ingénieurs.
La gouvernance de l’apprentissage : un sujet épineux
L’enseignement supérieur ne cache pas ses inquiétudes face à la possibilité de transfert de la gouvernance de l’apprentissage aux branches professionnelles, ce qui présente un risque pour les formations transversales inter-branches comme le marketing. Le président du Medef se montre quant à lui intransigeant sur le fait que la gouvernance de l’apprentissage devrait revenir uniquement aux branches professionnelles.
La situation a par ailleurs poussé les régions à dénoncer une privatisation rampante de l’apprentissage et à quitter les groupes de travail de la concertation sur la réforme avant de rependre le dialogue le 16 janvier dernier, après avoir obtenu du Premier Ministre l’assurance selon laquelle le pilotage public de l’apprentissage par les régions va être maintenu.
Les grandes écoles désirent quant à elles être plus impliquées dans la future gouvernance, au regard de leur capacité à mieux appréhender la dimension pédagogique de l’apprentissage. Marc Renner plaide d’ailleurs pour une généralisation des bonnes pratiques des meilleurs CFA.
Les propositions de réforme de l’apprentissage sont attendues pour la première quinzaine de février, selon la ministre du travail Muriel Pénicaud. En attendant, les acteurs de l’enseignement supérieur se déclarent confiants tout en faisant preuve d’une grande vigilance.